Juillet 2020 : mois de juillet le plus sec jamais observé en France et sur une partie de nos régions Centre-Val de Loire et Centrales depuis 1959…

Le mois de juillet 2020 est devenu le mois de juillet le plus sec jamais enregistré en France et sur une partie de nos régions Centre-Val de Loire et Centrales depuis 1959 avec une sécheresse marquée…

Copyright : Association Météo Centre.

Quand parle-t-on de sécheresse ?

D’après les scientifiques, on évoque le terme de sécheresse lorsqu’il y a un manque d’eau plus ou moins important sur une assez longue période. C’est un phénomène pouvant être cyclique ou exceptionnel touchant une région plus ou moins grande (le Berry ou la France entière ou encore l’Europe Occidentale).

Copyright : Association Météo Centre.

L’état de sécheresse n’est pas le même partout dans le monde. Tout dépend des seuils choisis par le pays ou la région en question en fonction du nombre d’habitants, des ressources en eau disponibles ou encore du climat. En France, l’état de sécheresse absolue est décrété lorsqu’il n’y a pas eu une goutte de pluie (moins de 0,25 mm par jour) pendant 15 jours consécutifs.

On note trois types de sécheresse :

  • la sécheresse météorologique, marquée par un déficit de précipitations sur une période donnée ;
  • la sécheresse agricole, correspondant à un déficit d’eau des sols superficiels sur une profondeur maximale de deux mètres pouvant fragiliser le développement de la végétation (dépend du type de culture, de l’évapotranspiration des plantes, du taux d’humidité, de la nature des sols et des plantes, du vent, de la température de l’air et des précipitations reçues sur la zone en question) ;
  • la sécheresse hydrologique, se manifestant par des niveaux d’eau anormalement bas dans les rivières, lacs ou encore nappes phréatiques et/ou souterraines (dépend de la nature du sol et de sa perméabilité jouant sur l’infiltration et le ruissellement de l’eau, dépend des caractéristiques des nappes souterraines et de la surexploitation des ressources en eau).

Les prévisionnistes météo suivent régulièrement l’évolution des précipitations sur la région en question pour informer la population d’éventuels risques. Lorsque l’hiver et le printemps ont été peu pluvieux, les réserves d’eau sont souvent peu remplies. Des conditions anticycloniques récurrentes favorisent l’apparition d’une sécheresse. Plus les températures sont élevées, plus la sécheresse s’accentuera suite à une évapotranspiration des plantes très importantes.

Les activités humaines peuvent également favoriser l’amplification d’une sécheresse s’il y a une mauvaise gestion des ressources en eau. Ainsi, cette dernière doit être rigoureuse avec une réparation équitable des besoins en eau dans la population (agriculteurs, usines, habitations, etc.). Des mesures de restriction sont alors émises en fonction de la zone concernée pour limiter l’accentuation de la sécheresse.

Lors d’un épisode de sécheresse, ce dernier peut avoir divers impacts dans la zone concernée :

  • sur l’agriculture : destruction partielle ou entière d’une récolte ;
  • sur les forêts et les prairies (incendies) ;
  • sur les ressources en eau (pénuries d’eau potable) ;
  • sur la production hydroélectrique ;
  • sur la faune et la population (exode, problèmes de santé).

D’après le site Propluvia« les seuils entraînant des mesures de restriction sont définis au niveau local par les préfets. Ce qui facilite la réaction en situation de crise, et permet la transparence et la concertation entre les différents usagers d’un même bassin. Les arrêtés sécheresse ne peuvent être prescrits que pour une durée limitée pour un périmètre déterminé. Ils doivent assurer l’exercice des usages prioritaires, plus particulièrement la santé, la sécurité civile, l’approvisionnement en eau potable et la préservation des écosystèmes aquatiques. Ceci tout en respectant l’égalité entre usagers des différents départements et la nécessaire solidarité amont – aval des bassins versants. Quels sont les différents seuils et conséquences pour les différents acteurs ? Quatre niveaux ont été définis : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise. Les mesures de limitation des prélèvements sont progressives (fonction des seuils définis : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise) et adaptées aux différents usagers :

  • Usages domestiques : sensibilisation, puis limitation de plus en plus fortes des prélèvements pour l’arrosage des pelouses, des espaces verts, le lavage des voitures, le remplissage des piscines jusqu’à l’interdiction totale de ce type d’utilisation (hors usage eau potable).
  • Agriculture : (80% des prélèvements entre juin et août) : interdiction d’irriguer 1 jour par semaine, plusieurs jours par semaine ou à certaines heures jusqu’à l’interdiction totale de l’irrigation.
  • Industrie : des mesures spécifiques ont été prises sur les unités les plus consommatrices : mesures imposant une réduction progressive d’activité, le recyclage de certaines eaux de nettoyage, la modification de certains modes opératoires. »

Vous pouvez retrouvez nos vigilances sécheresse sur notre site, en cliquant sur le lien ci-contre : http://www.meteo-centre.fr/info-secheresse.php.

Des conditions anticycloniques persistantes et proches du pays tout au long du mois de juillet…

Le déficit pluviométrique observé lors de ce mois de juillet sur une grande partie de la France dont nos régions Centre-Val de Loire et Centrales s’explique par la persistance de conditions durablement anticycloniques sur l’Ouest de l'Europe (hautes pressions > à 1015 hPa sur l'Europe de l'Ouest) avec un anticyclone des Açores plus développé que d'habitude. En France, les pressions moyennes ont dépassé les 1018 hPa sur une large partie du territoire.. Ce contexte météorologique a favorisé l'accentuation de la sécheresse des sols...

Pressions moyennes du 1er au 31 juillet 2020 en Europe (copyright : https://psl.noaa.gov/data/histdata/). Cliquer sur l'image pour agrandir.

Pour rappel, en météorologie, la pression atmosphérique correspond au poids d’une colonne d’air exerçant une force à la surface de la Terre. On la mesure en hPa à l’aide d’un baromètre. En moyenne, au niveau de la mer, elle avoisine les 1015 hPa (1013,25 hPa exactement). Lorsqu’elle est au-dessus, on parle de hautes pressions (anticyclone = temps généralement calme) et lorsqu’elle est en-dessous, on évoque les basses pressions (dépression = temps souvent agité). Sous un anticyclone, l’air descend (subsidence) et se comprime puis s’assèche : la pression augmente. Les vents tournent dans le sens des aiguilles d’une montre autour du coeur de l’anticyclone (dans l’hémisphère Nord).

Fonctionnement d’un anticyclone : situation de haute pression (copyright : Association Météo Centre). Cliquer sur l'image pour agrandir.

Peu ou pas de pluie sur de nombreux secteurs depuis début juillet...

Ce mois de juillet 2020 est au premier rang des mois de juillet les plus secs en France avec un déficit pluviométrique de l'ordre de -73%, loin devant juillet 1964 (-59,5%) et juillet 1979 (-54,8%). C'est également le mois d'été le plus sec depuis juin 1976 (déficit de 81% à l'époque) ! On constate également que sur les 6 dernières années (depuis 2015), les mois de juillet sont à chaque fois plus chauds et secs que la normale.

Copyright : Météo France. Cliquer sur l'image pour agrandir.
Copyright : Météo France. Cliquer sur l'image pour agrandir.

Les cumuls ont été extrêmement faibles avec quasiment pas de pluie observée lors de ce mois de juillet 2020... A Châteauroux-Déols (36), c'est même le mois de juillet le plus sec depuis le début des mesures, soit 1893 pour cette station (même constat avec Bourges (18) et Châteaudun (28) !!! Sur nos départements, on a relevé (1er 08h au 31 juillet 2020 08h) sur les stations principales du réseau METAR :

  • Auxerre-Perrigny (89) : manque de données ;
  • Avord (18) : 10,8 mm (record : 0 mm en 1947) ;
  • Blois-le-Breuil (41) : 13 mm (record : 4 mm en 2019) ;
  • Bourges** (18) : 3,8 mm (ancien record : 6,8 mm en 2016) ;
  • Chartres (28) : 12,4 mm (record : 6 mm en 1928) ;
  • Châteaudun** (28) : 3,6 mm (ancien record : 3,9 mm en 1959) ;
  • Châteauroux-Déols** (36) : 2,4 mm (ancien record : 4,5 mm en 1937) ;
  • Nevers (58) : 21,2 mm (record : 6 mm en 2016) ;
  • Orléans-Bricy (45) : 2 mm (record : 1,6 mm en 1952) ;
  • Romorantin (41) : 6,6 mm (record : 2,2 mm en 2019) ;
  • Tours (37) : 5,4 mm (record : 3,8 mm en 2016) ;
  • Vichy-Charmeil (03) : 25,6 mm (record : 3,8 mm en 1949).

**NOUVEAU RECORD MENSUEL

Copyright : Association Météo Centre (données : réseau Météo France). Cliquer sur l'image pour agrandir.

Sur notre réseau de stations Météo Centre, on a relevé (1er juillet 00h au 31 juillet 2020 00h) :

  • 0,6 mm à Levroux (36),
  • 1,4 mm à Issoudun (36),
  • 1,8 mm à Chassignolles (36) et Maintenon (28),
  • 2,2 mm à Mazangé (41),
  • 2,6 mm à Bellegarde (45),
  • 3,2 mm à Le Louroux (37) et Saint-Michel-en-Brenne (36),
  • 3,4 mm à Beddes (18),
  • 3,6 mm à Les Bordes (36),
  • 4,6 mm à Le GrandPressigny (37), Saint-Maur (36) et Soumaintrain (89),
  • 5,4 mm à Etrechet (36),
  • 5,8 mm à Ambillou (37),
  • 6,2 mm à Romilly-sur-Aigre (28) et Villegouin (36),
  • 6,6 mm à Gron (18), 7,4 mm à Olivet (45) et Salbris (41),
  • 7,8 mm à Boisseaux (45) et Reboursin (36),
  • 8 mm à Ménétréols-sous-Vatan (36),
  • 9,2 mm à Mainvilliers (28),
  • 9,6 mm à La Marche (58),
  • 9,8 mm à Orçay (41) et Véretz (37),
  • 10,2 mm à Digny (28),
  • 10,6 mm à Tour-en-Sologne (41),
  • 11,4 mm à Luçay-le-Libre (36),
  • 11,6 mm à Tauxigny (37),
  • 12,2 mm à Culan (18),
  • 13,2 mm à Luçay-le-Mâle (36),
  • 15 mm à Le Mesnil-Thomas (28) et Oisy (58),
  • 15,2 mm à Chailles (41),
  • 15,6 mm à Saint-Firmin-des-Bois (45),
  • 15,8 mm à Cerisiers (89),
  • 17,8 mm à Yvoy-le-Marron (41),
  • 18 mm à Aubigny-sur-Nère (18),
  • 21,2 mm à Néris-les-Bains (03),
  • 21,8 mm à Prémilhat (03),
  • 23,8 mm à Cudot (89),
  • 24,8 mm à Lignerolles (03),
  • 26,2 mm à Villebret (03),
  • 27,8 mm à Audes (03),
  • 35,6 mm à Fâchin (58).
Copyright : Association Météo Centre (données : réseau Météo Centre). Cliquer sur l'image pour agrandir.

Installation d'une importante sécheresse de surface...

Fin juillet, la situation hydrologique s'est nettement dégradée sur le pays et nos régions Centre-Val de Loire et Centrales. Les conditions anticycloniques persistantes ont contribué à un assèchement des sols régulier depuis le solstice d'été...

Copyright : Météo France.
Copyright : Météo France.

On constate parfaitement cet assèchement du sol (sol argilo-calcaire superficiel) à Etrechet (Indre), sur l’une de nos stations du réseau Météo Centre, lors de ce mois de juillet (0 centibar début juillet contre 200 début août). L’humidité du sol est exprimé ci-dessous en centibar de 0 (sol saturé en eau) à 200 (sol très sec).

Copyright : Association Météo Centre. Cliquer sur l'image pour agrandir.

Des nappes phréatiques plutôt basses...

Sur notre région Centre-Val de Loire, au 02 août 2020, la plupart de nos nappes présentait des niveaux plutôt bas avec une tendance à la baisse...

Niveau des nappes phréatiques au 02 août 2020 (copyright : DREAL Centre-Val de Loire).

Suite à cet important manque d'eau, de nombreuses restrictions d'eau ont été mises en place en France et sur nos régions Centre-Val de Loire et Centrales (https://www.meteo-centre.fr/info-secheresse.php). Au 04 août 2020, ce sont 73 départements en vigilance et 140 arrêtés en cours.

Carte des restrictions d'eau au 04 août 2020 en France (copyright : http://propluvia.developpement-durable.gouv.fr/propluvia/faces/index.jsp).

Ces prochains jours, les conditions chaudes et souvent ensoleillées accentueront la sécheresse. Seul point positif, quelques orages isolés pourront limiter l'assèchement des sols sur certains secteurs.

Restez informés via nos réseaux sociaux et notre site –> www.meteo-centre.fr.

N’hésitez pas à consulter régulièrement nos bulletins de risques météorologiques pour plus d’informations.