L’été le plus sec depuis 62 ans en Eure-et-Loir le 27/09/2009

Il n’est tombé que 58 mm de pluie depuis trois mois en Eure-et-Loir. Soit la normale d’un mois de septembre. L’herbe est grillée, les fleurs piquent du nez. Et dans les champs, il faut même resemer. C’est l’été le plus sec du département depuis 1947.

Les pluviomètres tournent à sec

Si elle a de quoi inquiéter les hydrologues, la situation de sécheresse historique en Eure-et-Loir sur ces trois derniers mois tourmente aussi les agriculteurs. Ces derniers se languissent de voir arriver la pluie.

Pas un nuage à l’horizon. Et la tempête de ciel bleu devrait se prolonger au moins jusqu’en milieu de semaine, selon les prévisionnistes de Météo France à la station de Champhol. Si chacun apprécie ce bel “été indien”, l’Eure-et-Loir connaît actuellement son été le plus sec depuis 1947 si l’on prend pour référence les mois de juillet, août et septembre. Un record historique donc depuis la création de la station météo de Champhol. Depuis le début de l’année, cette situation de sécheresse représente même plus de deux mois de retard de précipitations comparée à la normale.

28 mm (soit 28 litres au m2) de pluie relevés en juillet, 9 mm en août et 21 mm en septembre, « Il n’est tombé que 58 mm de pluie en trois mois. C’est presque la normale d’un mois de septembre », souligne Jean-Yves Choplin, délégué départemental de Météo France à la station de Champhol. «Depuis le début de l’année, le département accuse un déficit pluviométrique de 130 mm sur les 600 mm de précipitations que nous enregistrons en moyenne sur toute une année», précise le météorologue. «C’est un constat général sur le département qui est sans doute plus accentué dans le Dunois», indique-t-il.

Une bonne santé apparente?

Cette sécheresse ressurgit en premier lieu sur la situation hydrologique du département. Sur les 21 cours d’eau qui arrosent le département, 13 sont en partie ou entièrement classés en situation de “crise renforcée”. Un seuil qui interdit les prélèvements directs pour l’irrigation agricole, le lavage des voitures et des voiries, l’arrosage des espaces verts, des terrains de sport, des jardins, des pelouses et des golfs, le remplissage des piscines et qui limite les usages industriels.

«Le premier arrêté de restriction de prélèvement dans les cours d’eau a été pris par le préfet le 3 juin. D’autres ont suivi durant l’été au fur et à mesure que la situation le necessitait», détaille Isabelle Gritten, responsable de la gestion durable de l’espace et des milieux aquatiques à la Direction départementale de l’agriculture et de la forêt d’Eure-et-Loir (DDAF 28). Les autres rivières euréliennes sont classifiées en situation de “crise” et d’“alerte” avec des restrictions moindres. Ces seuils sont fixés à partir du débit des rivières qui est régulièrement mesuré par les services de la Direction régionale de l’environnement (DIREN) et de la DDAF28.

Dans ce paysage de tarissement des sources, il est tout de même à souligner une exception notable: la Conie. Cette résurgence de la nappe de Beauce, colossal réservoir d’eau souterraine, est actuellement le seul cours d’eau eurélien, et c’est sans doute une bonne nouvelle, à être classée en situation normale. Le signe d’une bonne santé de la nappe de Beauce? «Oui si l’on compte sur un bon niveau de pluies efficaces durant l’hiver. Mais en cas d’absence de recharge hivernale, la situation pourrait devenir plus inquiétante. Nous n’avons pas eu ces derniers hivers les pluies efficaces de 2000 à 2003 qui avaient permis de “regonfler” la nappe », avertit Isabelle Grytten.

Pas de restriction en eau potable

Les arrêtés préfectoraux de restriction de l’usage de l’eau n’ont concerné cette année que les prélèvements directs en rivière. Il n’y a en revanche pas eu de décisions dans le département concernant les pompages destinés à alimenter les réseaux d’eau potable à partir des nappes phréatiques qui baignent le sous-sol eurélien.

Pour les usages agricoles, le plan d’irrigation de la nappe de Beauce fixe chaque année au printemps, en fonction de la ressource disponible, un coefficient de réduction pour les agriculteurs irrigants. Un système de quotas, assorti d’une réglementation spécifique qui permet d’organiser les prélèvements agricoles dans la nappe de Beauce et, par conséquent, de gérer la ressource en eau. En notant tout de même que ce sont les agriculteurs irrigants qui sont les initiateurs de ce plan et que depuis une bonne quinzaine d’années que le système a été mis en place, il a prouvé son efficacité.

Source : L'Echo Républicain